Au cours de nos différents rendez-vous, Sophia, pétillante et enjouée avec ses grands yeux bruns, s’est dévoilée. Elle nous explique ses origines, son travail.
Comment décris-tu Philos’Sophia ?
« J’aime raconter des histoires à travers mes bijoux, des histoires entre design et artisanat ».
Ces bijoux, sont le reflet d’une rencontre entre le passé et le présent, le design et l’artisanat, c’est un métissage des cultures et des époques qui se traduit à travers des contrastes de matières, des techniques, des passementeries et des broderies anciennes et modernes ce qui donne un bijou éclectique et unique, un voyage entre le passé, le présent pour un future plus humain et plus conscient.
Chaque pièce est unique qui raconte son histoire et ses secrets ce qui la rend authentique et éthique.
« Par mes bijoux, je souhaite contribuer à redonner le gout de cet attachement aux objets, aux belles matières. Prendre de temps de créer, prendre le temps de (re)garder ».
Comment es-tu arrivée à la création de ta marque ?
Le patrimoine culturel matériel et immatériel dont regorge la Méditerranée a toujours été pour moi une source d’inspiration. À travers mes bijoux j’essaie de mettre en valeur l’intarissable pont culturel et historique entre les deux rives.
La mondialisation nous fait prendre conscience de notre attachement aux habitudes et traditions.
Nous cherchons ces valeurs d’authenticité dans l’artisanat et le fait main. Nous avons besoin des vrais produits faits par des vraies personnes, des vraies expériences. C’est le rôle du design artisanal de rendre ce besoin une réalité : de ce constat Philos ‘Sophia est née.
Quel est ton parcours ?
J’ai passé mon enfance entre Paris et Ksar Hellal, une petite ville côtière du Sahel tunisien réputée par le savoir faire du textile et des bijoux traditionnels qui ont traversés plusieurs civilisations. Ma grand-mère, ma mère et ma tante couturières me transmettent très tôt ma passion pour la couture, les étoffes, la broderie et les bijoux traditionnels. C’est à leurs côtés que j’apprends à faire la couture et la broderie surtout pendant les fêtes de mariages. De cette enfance, je garderai surtout le goût de cet univers et la valeur de transmission.
Après cinq années d’études de design d’objets en Tunisie, j’intègre l’école de design CREAPOLE à Paris pour un master de mode et management et en même temps la Sorbonne pour un DEA d’histoire de la mode dans cinéma.
Après un parcours de designer pour une maison de maroquinerie française, l’enseignement en design et histoire de l’art et styliste freelance pour des marques de mode, riche de ces expériences, je décide de lancer ma marque de bijoux couture.
Quelles sont tes valeurs ?
Réanimer, réparer, récupérer, soigner, réintroduire, recycler et surtout respecter, les matériaux et les savoirs faire, ce sont notre priorité. Ce respect commence par changer les méthodes du sourcing et de production en petite série, toutes les matières et matériaux sont sélectionnés avec exigence par mes soins et par mes artisans, essentiellement à base de métaux recyclés (argent-or-laiton), des chutes et des fournitures récupérées dans des ateliers de couture et des anciennes broderies au fil d’or et argent sauvés.
C’est l’ADN de notre marque.
Comment procèdes-tu pour créer un nouveau bijou à partir de ces accessoires qui ont déjà une histoire ?
Grâce à mon réseau, j’ai accès à de vieux stocks des ateliers de Haute Couture qui me permettent de me fournir en perles, strass Swarovski, fil de coton de qualité supérieure, rubans. J’aime également chiner de vieux bijoux. Je travaille principalement sur des matières nobles.
Ensuite je me laisse inspirer par l’histoire de chacun de ces éléments en dessinant de nouveaux bijoux pour leur donner une nouvelle vie en les assemblant et en les mettant différemment en valeur.
Je fais intervenir des artisans du bassin méditerranéen qui restaurent des anciennes pièces ou en fabriquent de nouvelles pour agrémenter certaines pièces. J’aime pouvoir mettre en valeur le savoir-faire particulier de ces artisans qui travaillent avec leurs mains.
Enfin, ultime étape, j’assemble tous ces éléments dans mon atelier parisien.
C’est pourquoi je propose des bijoux en petites séries qui ne peuvent pas être reproduits de façon identique et illimitée.
Quel est ton prochain projet ?
En ce moment, je travaille sur le lancement d’une petite collection de maroquinerie éco-responsable. Ce qui correspond à mon savoir-faire d’origine !
Quel est ton bijou préféré ?
Mon bijou préféré est ma broche Kiro qui est la première pièce que j’ai réalisée. C’est elle qui est à l’origine de mon histoire : j’ai été inspirée par le costume traditionnel de ma grand-mère et avais envie d’en réutiliser des pièces.
Quel est ton endroit préféré en Méditerranée ?
J’aime particulièrement la ville côtière de Mahdia en Tunisie (au sud de Monastir), près de ma région d’origine. Elle est construite sur une presqu’île à la pointe du Cap Afrique : c’est un endroit charmant où l’on se croirait en Grèce !
Merci Sophia!